La corrélation entre

connaissance de soi et humilité

La corrélation entre connaissance de soi et humilité est loin d’être évidente dans le monde actuel. On nous invite sans cesse à « mieux nous connaître » par l’analyse, l’introspection, les outils du développement personnel, la psychologie, comme si la vérité de notre être se trouvait quelque part en nous-mêmes, cachée derrière quelques blessures à guérir ou quelques mécanismes à comprendre.

Et pourtant, plus nous tentons de nous saisir seuls, plus l'’orgueil s’infiltre subtilement : on se raconte des histoires sur qui l’on est, sur nos intentions, sur notre chemin. On construit une cohérence interne rassurante, que l’on présente aux autres, à Dieu, et même à soi-même, mais qui reste éloignée de la vérité profonde.

Car l’orgueil aveugle. Il ne prend pas toujours la forme grossière de la domination, il peut être discret, presque spirituel : l’illusion de se comprendre, de se maîtriser, de se définir soi-même. Peu à peu, nous fabriquons une image de nous qui nous rassure, ou au contraire qui nous accable, mais qui dans les deux cas n’est pas enracinée dans la lumière de Dieu. Nous restons enfermés dans notre propre narration, enfermés dans un « moi » que nous croyons solide, cohérent, alors qu’il n’est souvent qu’un édifice fragile bâti sur la peur ou le besoin de contrôle.

À l’inverse, l’humilité ouvre un tout autre chemin : Par un mouvement d’approche vers Dieu. C’est en nous tenant devant Lui que la vérité commence à se révéler. Alors,  nous faisons l’expérience bouleversante d’être presque rien : un petit néant, fragile, instable, dépendant, sans consistance en soi-même. Cette découverte peut donner le vertige.. Elle peut même faire peur. Mais si elle est vécue dans un esprit de foi, elle ne mène pas au découragement, ni au désespoir. Elle libère. Car ce « rien » que nous sommes, Dieu l’aime, le porte, le soutient, le traverse de Sa présence.

L’humilité n’est donc pas un mépris de soi, mais un accord avec la vérité. Elle nous place exactement là où nous sommes : petits, limités, faillibles, et pourtant infiniment aimés. Dans cet espace, une paix inattendue apparaît. Plus besoin de se raconter des histoires. Plus besoin de maintenir une image. La véritable connaissance de soi naît alors, non pas d’un regard tourné vers soi, mais d’un regard tourné vers Dieu, qui seul nous révèle avec  douceur la vérité de notre être.