Extrait d'une des lettres de ce recueil de correspondance
Les toxiques
Lorsque l’on fait le ménage, qu’on débarrasse son carnet d’adresses des toxiques et des névrosés, il ne reste plus grand monde. J’ai dégagé un toxique ce we, il m’a abreuvé de sms et de mails bourrés de lapsus où il me dit que c’est mon manque de talent que je ne supporte pas. Que ce n’est pas sa faiute si je n’ai pas de talent. C’est son grand truc : si tu avais du talent ça se saurait. Remarque que je ne prends pas une seconde pour moi mais pour sa stupidité. Dans quel monde vis-tu ? Selon lui mon ego et mon narcissisme auront gâché et fait foirer ma vie. S’il savait combien je m’indiffère… Enfin tout cela envoie des ondes négatives dont je me débarrasse par le silence retour. C’est la 3ème rupture en 1 mois et c’est plutôt violent. Comme dit Schopenhauer : Parmi les maux de cette colonie pénale qu’est le monde, la présence des autres prisonniers. Comme je vous le dis, il ne reste plus grand monde.
Bonne semaine à vous ».
*************************************************
Moi je suis là. Une présence discrète et lointaine mais je suis là.
Plus je vous lis, plus j'apprécie tout ce que vous êtes.
Votre égo, votre narcissisme ? Je ne crois pas. Ou plutôt je pense qu'il s'est agi chez vous d'un mécanisme de défense face à la cruauté de la vie qui vous a frappé dès le point de départ.
Tout est là en vérité : nous n'avons pas tous le même point de départ.
Je vous en prie, cessez de dire que vous vous indifférez à vous mêmes, que votre vie privée ne vous regarde pas. Non, prenez bien soin de vous au contraire. Vous avez tant de valeur Ancolies. Vous n'imaginez pas à quel point.
C'est juste que votre mélancolie a pris des manières de s'exprimer très particulières. Comme de vous cacher à vous même. C'était une question de survie.
Vous avez un talent fou en vérité mais ce n'est pas si simple de s'aimer soi-même avec votre passé. Et votre ami a tellement tort : il y a des talents d'écriture immenses dans l'autoédition. Pourtant très critiquée. Alors que dans l'édition classique par exemple, il y a parfois des vrais navets à succès Non, ne prêtez pas attention à ces remarques cruelles.
Sans doute, vous pouvez être maladroit, « l'amour propre blessé est un ballon gonflé de vent dont il sort des tempêtes quand on y fait une piqûre » (Voltaire), mais c’est le cas pour tout le monde. Votre amour propre parfois excessif n'est qu'une façade protectrice face aux guerres intenses dehors et dedans que vous avez eu à mener.
Plus je vous lis, plus je vous connais, plus je suis admirative de votre résilience...
Vous dites qu’avant l’âge de 14 ans, vous ne parliez pratiquement pas, qu’il aura fallu attendre cet âge là pour qu’enfin, pour la première fois, vous vous affirmiez vous-même. Que vous l’osiez. Pour dire « Non ». Quand on a connu l'enfer, ce n'est pas bien étonnant.
Vous deviez être un enfant très très très sensible. Comme moi d'ailleurs.
Celui qui a vu juste c'est Jacques Ségéla : dans sa préface, il a tout compris. Il parle d'auto destruction. Vous avez voulu payer l’imperfection du monde. Votre blessure est là, votre penchant est là. Si j'étais près de vous, je prendrais soin de vous. Mais je n'y suis pas.
Plus je vous lis, plus j'apprends à vous connaître et plus je suis touchée.
Ce qui vous nuit, c'est votre dépression, ceux qui ont mis en vous tant de leurs violences.
Vous étiez tellement fait pour ne recevoir que de l'amour. Plus qu'un autre encore. Vous me faites penser à une petite fille que j'ai bien connue. Avec son épilepsie, sa solitude, son âme d'artiste. Elle passait des heures à chanter dans son fauteuil. Solitaire.
Non Ancolies, ne croyez pas ce que les jaloux ou les personnes bien intentionnées vous disent. Vous êtes si beau. Tellement.
Vous avez un grand coeur et le nombre de gestes d'amour dans votre vie doit être bien grand.
Je ne suis pas plus névrosée que la moyenne je pense. Pas sotte non plus. Si je vous le dis, pourquoi ne pas me croire ?
Vous savez mon ami, un jour ou l’autre, nous avons tous besoin de virer de notre vie des personnalités toxiques. Ce qui nous est demandé c’est « charité bien ordonnée commence par soi même », cela veut dire qu’il y a un ordre dans l’amour.
Nous pouvons tendre au pardon, mais en principe, dans chaque relation, nous avons le devoir de nous protéger de ce qui nous fait du mal. L’amitié durable et proche n’est pas toujours ni possible ni souhaitable. La réconciliation non plus d’ailleurs.
D’ailleurs, aus copains d’abord, vous préférez et de loin les jolies dames.
Seul le pardon est à notre portée. Dans notre cœur, sans forcément le manifester. C’est une affaire entre Dieu et nous. Et parfois, comme vous le savez, cela prend du temps. Le pardon est un chemin. Rarement un acte en une seule fois. Nous ne sommes pas des héros, mais des tout-petits.
J'ai mis vos livres dans ma bibliothèque tout près de l'icône de Marie et d'un ange gardien en résine.
Soyez fier de vous. Gardez votre assurance. Ouvrez-vous à l'Espérance.
Mon livre sur Amazon :
Ajouter un commentaire
Commentaires