"Mourir, c'est comme tomber amoureux : on disparait, on ne donne plus du tout de nouvelles"
(Christian Bobin)
Un Grand Amour m'attend !
J’ai les yeux troublés par le sommeil
Je vois flou et le vertige me prend dès le lever
Moi, la maladie m’a prise un peu trop tôt…
Je voudrais courir derrière les papillons
Le nez au vent, les mains devant,
La bouche grande ouverte pour avaler le vent…
La fatigue comme une eau qui m’inonde
Je ne l’ai pas choisie pas plus que ma naissance
La douleur m’a prise un peu trop tôt…
Je n’ai pas à me plaindre, quantité de malheurs
Secouent le monde, je ne suis pas la seule
Comme tant d’autres, comme un drapeau.
Fragile dans le vent un peu trop tôt.
Je vois les grands oiseaux et les fleurs du printemps
Je les regarde et les respire, je ferme les yeux,
Secouée par mes sanglots, émue jusqu’à la déchirure
Le mal m’a prise un peu trop tôt…
Me croyez-vous triste comme un linceul,
Apitoyée comme un caprice,
Comme un bourgeon fané ?
Non.
En vérité, je suis de la race des fleurs qui fleurissent quel que soit le temps.
J’appartiens aux goélands qui volent au-dessus de la mer en colère
Je me risque comme le coquelicot à la vie éphémère
Je suis l’immensité, les montagnes aux sommets élevés
Ce n’est pas le malheur qui m’a prise en vérité
C’est la beauté du monde et ses reflets dans les yeux des enfants
Ce n’est pas le mal et ses chaînes qui me retiennent
Je ne suis pas noyée dans le ciboire de la douleur apprise un peu trop tôt.
Non.
Dans la forêt, j’ai la liberté des chemins sinueux qui avancent droit devant
Je vois la chevelure des arbres ébouriffés qui saluent mes victoires
Je suis de ceux qui vivent bien au-delà de soi,
Je suis de la race des papillons portés par le ciel azuré.
Je me fonds dans le soleil, dans le bruit des cigales et les chants rossignols
À l’intérieur, joyeuse, je m’ébroue avec eux.
J’ai beau faire, je crois, plus fort que tout, je crois qu’un grand amour m’attend.
Vous pouvez argumenter, me freiner, me démontrer, puis vous moquer
Je le sais depuis toujours, lorsque petite, esseulée,
Je m’allongeais dehors dans la nuit étoilée,
Soulevée par un élan, plongée dans Son silence habité.
Vous avez beau dire, écrire en ironie sur ma naïveté longue durée
Je n’y peux rien, j’ai tout gardé. Oh la douleur illuminée !
J’aime à en crever, plutôt mourir que de brûler mes oripeaux,
Rien ne peut changer, ni le malheur appris trop tôt…
Vous pouvez me rejeter, vous en aller,
Rien ne peut m’affaiblir, au creux même de mon corps éreinté,
J’ai la force de l’aigle qui se joue des vents sans cesser de voler.
Cessez vos discours, vos raisonnements, vos morales et vos modes
C’est du temps perdu, je n’entrerai jamais dedans.
J’en suis sûre, je ne peux m’arrêter, je le sais, jusqu’à crever,
Qu’un grand amour m’attend.
Ne riez pas, je vous en prie, n’allez pas croire que je ne connais rien à rien.
Vous allez continuer, me convaincre, me rectifier,
Qu’importe, je le sais, j’en suis sûre, vous ne pourrez pas me changer.
Je crois, plus fort que moi, je crois, j’en suis sûre qu’un grand amour déjà
Nous aime et nous entoure dès maintenant.
Puis, il viendra, oui, il viendra, ce jour du Grand Voyage
Où je le rejoindrai cet amour fou
Qui a guidé toute ma vie jusqu’à tout lui donner !
Allez, ne badinez pas, ce sont des choses sérieuses,
Je ne saurai jamais compter, ni même vous prouver, ni discuter
Tout ce que je sais, d’une certitude que rien ne peut plus ébranler,
C’est qu’au-delà de tout,
Au-delà du mal appris trop tôt…Un grand Amour m’attend.
Je le ferai le grand voyage, je saurai comme j’étais connue
Rien ne pourra plus m’en empêcher, ni ce corps, ni les guerres, ni les malheurs
Appris trop tôt…
Souriez mes amis, mes frères, mes sœurs,
Souriez toute la terre,
Un grand Amour nous aime et nous attend !
Aussi sûr que ton sourire sur mes mots,
Accroche-toi à moi, monte sur mes épaules comme l’enfant porté regarde l’Avenir.
Si tu ne peux y croire toi-même, prends appui,
J’en suis sûre, laisse-moi t’emmener…
…Jusqu’à ce Grand Amour, ce Grand Amour qui nous attend….
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